Corrosion

La rouille

Je reçois le moteur dans sa couleur d’origine, gris anthracite. Je le décape au maximum à l’aide d’une brosse métallique circulaire montée sur une meuleuse d’angle. Le but est de marquer l’aluminium au maximum pour avoir, d’une part une bonne accroche pour les traitements à venir, et déjà un matiérage favorisant l’illusion de l’usure du temps.

 

Ensuite, j’échantillonne sur des pièces mobiles et des carters de l’ancien moteur.. Je teste la couleur, la chaleur, et la compatibilité chimique entre l’apprêt (à l’alcool), la patine (acrylique reglacée à la dextrine reglacée à l’huile), et le vernis polyuréthane. L’apprêt est teinté aux pigments, éléments neutres miscibles avec tous les systèmes . Sa base est blanche, j’ajoute du noir de fumée (tire sur le bleu) plus un mélange cobalt-outremer pour obtenir un gris-bleu un peu fade.

 

La rouille étant en base orange, son inverse dans le cercle chromatique est donc le bleu, j’obtiendrai par conséquent une opposition de couleurs, ce qui accentuera le contraste.

Apprêt + 1ere passe, très sombre (ombre brulée + noir) pour nourrir le fond. Le tout avec une brosse plate carrée, mi-sêche. A la deuxième passe, ombre brûlée, brun Van Dyck et sienne brulée en alternance (zones plus sombres) j’obtiens ça:

 

La 3eme et dernière passe d’acrylique est beaucoup plus partielle, la sienne brulée sera la couleur de base, et je monte vers le clair avec les ocres rouge et jaune (de Mars) et du vermillon:

 

Je laisse bien sécher en vue d’un reglaçage total à la dextrine (voir patines), et des pigments très fins comme la terre de Cassel additionnée d’un peu d’outremer pour obtenir un gris crasseux qui me servira d’ombre pour un effet de relief dans la corrosion et la peinture boursoufflée. Il faut jouer sur le temps d’ouverture du glacis, et le tirer toujours dans le même sens pour obtenir cet effet, on peut l’avoir en jouant avec une soufflette aussi :

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La dernière opération : un reglaçage à l’huile. Il me sert à représenter les jus de rouille qui ont dégouliné sur ce qu’il reste de peinture. Le glacis à l’huile est très fin et donne un effet assez transparent de façon à ne pas gommer les précédents matiérages. Ici, je travaille en jus avec la sienne brulée et le rouge anglais ou de Venise. Il importe de tenir l’élément d’applomb et tirer les coulures verticalement pour que l’oeil soit bien bluffé. Le fait de glacer à l’huile donne un aspect brillant à l’ensemble, ce qui ne colle pas avec la corrosion, j’ai donc verni le tout en mat pour revenir à une meilleure cohérence .

« Et moi qui me donne un mal de chien pour astiquer ma bécane!! » … me dit un jour un motard de rencontre …
Je lui ai répondu que j’avais trouvé la solution pour m’épargner cette corvée!…

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